Aujourd'hui, j'ai envie de vous parler d'un être ou d'une âme qui nous a quitté au terme d'une vie riche d'Amour après une recherche et un chemin spirituels exceptionnels .
Née en 1943 à Marseille, Christiane SINGER est décédée le 4 avril 2007 à Vienne en Autriche à la suite d'une cruelle maladie.
Elle fût lectrice à l'université de Bâle, puis chargée de cours à l'université de Fribourg, ensuite elle se consacra à ses activités littéraires, à ses conférences.
Elle a suivi l’enseignement de Graf Karlfried Dürckheim, (disciple de C.G.Jung), Elle est un écrivain de sensibilité chrétienne, imprégnée de sagesse orientale, qui s'est toujours abstenue de donner des leçons de morale ou d'être dogmatique.
Son oeuvre et sa réflexion personnelles sont toutes entières centrées sur la prise en compte nécessaire du risque spirituel qui couve dans le coeur de chacun.
“Les religions établies sont trop souvent impuissantes à offrir des remèdes adéquats. Il faut tenter de reprendre pied en soi-même, de retrouver ses racines intérieures".
Je suis en parfaite adéquation avec son ressenti et avec cette nécessité de trouver des forces salvatrices présentes en nous pour l'avoir expérimenté à l'occasion d'évènements personnels très douloureux.
J'ai parcouru, annoté et relu presque tous ses ouvrages qui trouvent un écho en moi à chaque lecture. L'ouvrage le plus bouleversant est celui qui relate les six derniers mois de sa vie "Derniers fragments d'une longue vie", son carnet de bord où elle écrit :
" Le voyage -ce voyage-là du moins - est pour moi terminé. A partir de demain, mieux : à partir de cet instant, tout est neuf. Je poursuis mon chemin. Demain, comme tous les jours d'ici ou d'ailleurs, sur ce versant ou sur l'autre, est désormais mon jour de naissance. "
Un de ses autres ouvrages écrit en 1988, "Histoire d'âme" a obtenu le Prix Albert Camus en 1989. Cet ouvrage exprime la quête de l'essentiel tapi au fond de nous et évoque au plus profond et au plus simple, le mystère, la difficulté et le bonheur d'être.
Je n'ai pu résister à retranscrire un extrait "Du bon usage des crises", publié en 1996, qui exprime bien les maux de notre société d'aujourd'hui :
"Notre société ne sait pas expirer, restituer, lâcher prise, ménager les pauses de l'apnée. Mue par une avidité insatiable, fouettée en avant comme une toupie, elle est sur le point de tout engloutir. Aveuglement et accélération incessante forment pour le moins un effrayant duo.
A tous les niveaux, se reproduit ce même schéma de comportement favorisant l'avoir, la satisfaction immédiate des désirs, la précipitation, la brusquerie, au détriment de leurs corollaires : l'être, pur et simple, la disponibilité, la patience, la croissance douce, la dimension contemplative,........"
Je vous laisse méditer sur ces dernières phrases, j'espère vous avoir donné l'envie de lire les ouvrages de cet être exceptionnel d'Amour, de sagesse, de discernement, être toujours dans le non-jugement et la tolérance. J'espère avoir aussi fait passer toute l'admiration et l'affection que je ressens pour cette merveilleuse femme ou cette âme qui demeure dans l'éternité.